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Le 3 juillet 2012 (SHRFI), Aix-en-Provence. Par Sébastien Hreblay.
Le 27 juin, à Paris, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a présenté en Conseil des ministres le dispositif de lutte contre les feux de forêt pour la saison 2012.
Alors qu’en 2011, quelque 4 500 hectares de forêt ont brûlé dans les départements méditerranéens dont 1 380 ha durant la période estivale, les premiers mois de l’année 2012 ont été marqués par la destruction de 2 000 hectares sur le pourtour de la Méditerranée et ce, malgré un printemps pluvieux avec une situation très clémente dans le sud-ouest. Et déjà, deux sapeurs-pompiers de l’Ardèche sont morts alors qu’ils intervenaient sur deux incendies distincts sur leur département, ainsi qu’un sapeur-pompier des Bouches-du-Rhône lequel rentrait avec son CCF d’une intervention pour un feu d’espace naturel dans les Alpilles.
Dans ce cadre, le ministère a reconduit l’action de l’Etat en matière de lutte contre les feux de forêt avec, d’une part, les actions de prévention liées à une politique d’entretien et de développement des équipements des massifs forestiers, rappelant l’importance du débroussaillement obligatoire autour des habitations et de certaines infrastructures.
Et d’autre part a été annoncée la mobilisation des moyens nationaux susceptibles de renforcer les moyens des services départementaux d’incendie et de secours sur leur département et des marins-pompiers, à Marseille (Bouches-du-Rhône), des moyens nationaux qui se composent des 650 militaires des Unités d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile, des 23 avions bombardiers d’eau* et des trois avions de reconnaissance et de coordination de la base d’avions de la Sécurité civile, à Marignane (Bouches-du-Rhône), ainsi que des 28 hélicoptères des bases du Groupement d’hélicoptères de la Sécurité civile.
En complément à ces moyens nationaux, des colonnes de renfort de sapeurs-pompiers, relevant des services départementaux d’incendie et de secours situés hors de l’arc méditerranéen, vont être aussi préconstituées à l’échelon des différentes zones de Défense et de Sécurité civiles. Et le ministère de la Défense, en application du protocole Héphaïstos, va mettre également à disposition 200 militaires (300 les années précédentes), 80 véhicules et trois hélicoptères.
Reste que l’annonce de ce dispositif s’est faite alors que les pilotes d’avions de la Sécurité civile criaient depuis plusieurs semaines le manque de moyens financiers pour que la flotte d’avions bombardiers d’eau soit pleinement opérationnelle. Ces pilotes se sont d’ailleurs mis en grève, ce 1er juillet, date à laquelle seulement 5 Canadair sur 12 et 5 Tracker sur 9 étaient opérationnels à côté des deux Dash 8 Q 400.
Des négociations sont en cours entre les représentants syndicaux des pilotes de la Base d’avions de la Sécurité civile et les services concernés du ministère de l’Intérieur. Reste que la force de frappe de l’aviation anti-incendie française est largement diminuée en ce début de saison estivale, bien en dessous des 119 300 litres habituels de capacité de largage des avions bombardiers d’eau et de retardant. Reste aussi à savoir quand et si cette flotte va redevenir pleinement opérationnelle.
Cette situation est particulièrement inquiétante si la saison feux de forêt 2012, au gré de conditions météorologiques particulièrement défavorables, se durcit à l’image de celle de 2003 avec des perspectives dramatiques comme la mort parmi la population et les secours et des dégâts énormes pour l’environnement et dans l’habitat.
Particulièrement inquiétante, aussi, car en cette période de restrictions budgétaires se joue l’avenir de la base d’avions de la Sécurité civile et le renouvellement de sa flotte, à très court terme avec le remplacement des Beechcraft et des Tracker qui sont en fin de vie et, à l’aube de 2020, avec le remplacement des Canadair CL 415.
Un renouvellement pour les trente prochaines années qui a un coût puisque, à titre indicatif, un Canadair s’achète selon les modèles entre 20 et 25 millions de dollars. Et que ce renouvellement devrait aussi se doubler d’un redimensionnement de la flotte, en prenant en compte l’évolution du risque feux de forêt en métropole. En effet, avec le changement climatique et l’augmentation d’un degré de la température, des estimations indiquent que le risque feux de forêt tel qu’il est aujourd’hui en Méditerranée devrait s’étendre à l’ensemble du territoire national d’ici 50 ans.
* La base d’avions de la Sécurité civile, à Marignane (Bouches-du-Rhône) existe depuis une cinquantaine d’années et une cinquantaine de personnels sont morts dans l’histoire de l’aviation anti-incendie en France, dont 29 pilotes. Outre les missions d’investigation, de coordination et de commandement des trois appareils de type Beechcraft, les 23 avions bombardiers d’eau ont, en complément avec les moyens départementaux, des missions déterminantes dans la stratégie de la lutte contre les feux de forêt, tant au niveau de la surveillance des massifs que de l’attaque des feux naissants, que pour pallier les grands sinistres en protégeant les habitations menacées et les personnels au sol en difficultés. En période à risque, ces appareils et les 90 pilotes sont pré-positionnés entre la Corse et le sud-est de la métropole voire à Mérignac (Gironde) quand le risque devient exceptionnel dans le sud-ouest français. Ces moyens nationaux peuvent être aussi engagés dans d’autres régions françaises, en Outre-mer et même à l’étranger.
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