Incendie catastrophique : de l’attaque du feu naissant à la répression

Le 23 juillet 2012 (SHRFI), Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Par Sébastien Hreblay.

  

La population catalane est sous le choc de l’incendie qui a débuté au Perthus (Pyrénées-Orientales), ce 22 juillet, lequel à sauter la frontière avant de continuer sa progression en Espagne, ravageant plus de 13 000 hectares de forêt catalane et provoquant la mort de quatre personnes et une trentaine de blessés, des dégâts dans le bâti, des évacuations de plusieurs dizaines de personnes et l’ordre de confinement de plus d’une centaine de milliers d’habitants sur plusieurs communes ainsi que d’énormes perturbations sur les voies de communication (autoroute, route et ferroviaire) entre la France et l’Espagne.

Toujours actif plus de 24 heures après son démarrage, avec des bilans humains et matériels pouvant s’aggraver, ce sinistre a débuté dans les Pyrénées-Orientales où les sapeurs-pompiers locaux et des renforts des départements voisins, ainsi que les pilotes de la Sécurité civile ont eu fort à faire pour traiter une trentaine de mises à feu en 48 heures, dont une a occasionné la destruction de 210 hectares, à Bouleternère.

Ces faits montrent que la stratégie (française) de l’attaque du feu naissant avec des moyens hydrauliques de lutte aériens et terrestres fonctionne dans 95 % des cas mais que, lorsqu’à la sécheresse et au vent soutenu s’ajoutent quelques autres paramètres (volontairement tus pour ne pas donner d’information à des personnes malveillantes ou malades), il se produit des feux importants voire catastrophiques. Et que l’énorme brasier meurtrier qui dévaste actuellement la Catalogne pourrait toucher demain et de manière similaire la France.

Il est à rappeler que ces quatre derniers jours, le risque n’était sévère que sur les départements situés entre les Bouches-du-Rhône et les Pyrénées-Orientales et que les départs de feu traités ont été nombreux. Mais seuls le Vaucluse, à Cavaillon (avec une trentaine d’hectares brûlés), l’Aude, à Trausse (avec une soixantaine d’hectares calcinés), et les Pyrénées-Orientales ont vu la stratégie de l’attaque initiale échouer. Aussi, il est certain que la situation risque d’être particulièrement dramatique si le risque feux de forêt dévient très sévère voir exceptionnel sur l’ensemble du sud-est et du sud-ouest français de manière simultanée.

Outre une flotte nationale d’avions bombardiers d’eau de la Sécurité civile pleinement opérationnelle et l’engagement des sapeurs-pompiers sur leur département et des marins-pompiers à Marseille, qui peuvent compter sur la solidarité interdépartementale et sur les renforts de colonnes de soldats du feu d’autres régions françaises et sur les Unités d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile, il est important à souligner que la majorité des batailles livrée lors de cette guerre du feu va se gagner grâce à la pleine mobilisation de toutes les corporations, des agents de l’Office national des forêts, des forestiers-sapeurs, des différents bénévoles qui œuvrent au sein des Comité communaux feux de forêt et d’autres associations, des militaires détachés en période estivale, des gendarmes, des polices nationale et municipale et des Parquets.

Car passé le temps de la prévention et outre les actions de lutte, les feux de forêt se combattent aussi avec une occupation massive et dissuasive des terrains avec les personnels de toutes ces corporations et en informant la population. Rappeler ainsi aux habitants et aux touristes que seulement 10 % des feux de forêt en France ont une origine naturelle (foudre) et que 90 % des sinistres ont une origine humaine, à 80 % involontaire et à 20 % dûe à des incendiaires volontaires qui agissent par intérêt ou par conflit ou par maladie (pyromane).

Rappeler aussi, notamment à ceux qui manquent cruellement d’éducation et/ou qui se sentent au dessus des règlements ou des lois, que les limites de la prévention/information sont la répression.

Et les sanctions sont lourdes en matière des feux de forêt, pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité dans les cas les plus graves. 

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